C’est une famille comme il ne peut en exister qu’en Chine, à tel point incroyable qu’elle construisit, sur plusieurs générations, une résidence si grande que seule la Cité Interdite et la résidence de Confucius lui seraient supérieures en superficie.
À l’origine les Wang étaient des fermiers qui souhaitaient accéder à un meilleur rang social et qui devinrent peu à peu des marchands, comme beaucoup d’autres de leurs voisins.
Leur essor commença vraiment au début de la dynastie Ming, soit au XIVe siècle, grâce à une de ces opportunités de l’histoire qu’ils surent attraper au vol. En ce temps-là, le peuple chinois Han avait du fil à retordre avec ses voisins mongols au nord du pays. L’Empereur fit amasser des troupes le long de la Grande Muraille, pour défendre ses frontières, et il s’avéra forcément indispensable de les alimenter. La police de l’Empereur, nommée Kaizhongfa, décida alors de mettre en place une sorte de troc : Le commerce du sel (alors très réglementé) serait autorisé à ceux qui, en échange, fourniraient l’armée en vivres. C’est l’occasion que saisirent les marchands Jin.
Ils réussirent si bien que leur richesse ne fit que s’accroître non seulement sous les Ming, mais ensuite avec la dynastie Qing qui signa en 1727 le traité de Kyakhta, ouvrant le commerce du thé avec la Russie dont ils bénéficièrent directement. Ces lointains échanges, leurs inspirèrent également la création de la première banque chinoise à Pingyao, dans leur province, afin d’éviter le transport en argent le long de routes infestées de bandits.
Parmi ces marchands Jin, quatre grandes familles se sont particulièrement distinguées : les Qiao, Wang, Cao et Qu qui firent construire des résidences à l’image de leur renommée et de leur fortune. Mais celle des Wang est la plus spectaculaire. Sur environ 25 hectares, c’est un labyrinthe de 123 cours entourées de maisons ou « siheyuan », typiques du nord de la Chine, à l’architecture et décoration raffinées, le tout entouré de fortifications destinées à protéger les trésors accumulés au fil des ans.
Le plus extraordinaire est que ce lieu si imposant, déserté par la famille au début du XXe siècle, ait réussi à se faire suffisamment discret pour échapper aux représailles de la Révolution Culturelle. Certains racontent que les habitants du coin en auraient judicieusement recouvert les richesses et les accès par des amoncellements de terre, lui évitant ainsi pillage et destruction.
Dans le Shanxi, on a toujours de la ressource et de l’imagination !
Texte de Claudia Gillet-Meyer et photos de Régis Meyer.
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https://fr.topchinatravel.com/sites/la-maison-de-la-famille-wang.htm