Patrimoine

La double vie du couvent de Santa Catalina (PÉROU)

14 décembre 2020
Fontaine Couvent Santa Catalina Arequipa Pérou

En parcourant ce couvent de plus de deux hectares, au cœur de la ville d’Arequipa, on se dit qu’être nonne à Santa Catalina, au XVI° siècle, n’était pas forcément une punition. Certes, cela ne procédait pas véritablement d’un choix, mais les compensations étaient alors à la hauteur du sacrifice. 

À cette époque, les riches familles péruviennes d’ascendance espagnole avaient comme tradition de vouer les filles cadettes à la religion et les ainées au mariage. Des deux, on peut se demander qui s’en trouvaient les moins bien loties. En effet, les novices qui entraient ici, gardaient le train de vie associé à leur rang, après avoir versé une dot conséquente, comme l’exigeait la fondatrice du lieu, la riche veuve doña Maria Alvarez de Carmona y Guzman. Si tout cet argent conférait à l’établissement un certain prestige, il était aussi utilisé pour agrémenter le lieu.

C’est ainsi que naquit une petite ville dans la ville,

pleine de beauté, de confort et d’élégance. 

Galerie Couvent Santa Catalina Arequipa Pérou

Ces demoiselles y jouissaient d’un quotidien distrayant et agréable.Elles habitaient des « cellules » ressemblant davantage à des appartements privés, décorés avec goût et équipés d’une cuisine individuelle, avaient droit à des servantes (et des esclaves) et menaient, en grandissant, une vie débridée de « mondaines ».

Activités culturelles, ateliers de couture, banquets avec de la belle vaisselle ponctuaient leurs journées, aux côtés – éventuellement – de quelques obligations religieuses.

Plan Couvent Santa Catalina Arequipa Pérou

Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes au sein de cette communauté féminine jusqu’au jour malheureux de 1833 où débarqua Flora Tristan, une militante franco-péruvienne, qui fut outrée d’un tel laxisme. Accueillie avec faste par les religieuses qui voulaient lui faire honneur, elle fit un rapport cinglant au Vatican pour dénoncer le train de vie scandaleux de Santa Catalina. Le retour de bâton ne se fit pas attendre et le pape Pie IX envoya Sœur Josefa Cadena, religieuse stricte de la République dominicaine, pour y mettre de l’ordre et réformer le monastère. Les nonnes durent alors s’astreindre à une vie de prière et de silence et faire vœu de pauvreté, plongeant le couvent dans une ère d’austérité.

Abreuvoir Couvent Santa Catalina Arequipa Pérou

Il reste néanmoins de cette époque fastueuse (mais répréhensible aux yeux de l’Église) un témoignage architectural extraordinaire. 

Cloitre Couvent Santa Catalina Arequipa Pérou

Ce couvent, construit avec la roche des volcans des alentours, est un joyau qui ne ressemble à aucun autre au monde, par sa superficie, ses commodités, son dédale de rues pittoresques, sa succession de cloîtres majestueux et son feu d’artifice de couleurs vibrantes. 

Au milieu d’Arequipa la blanche, Santa Catalina pétille de malice !

rue Couvent Santa Catalina Arequipa Pérou

Texte et photos de Claudia Gillet-Meyer

En savoir plus :

Site du Monasterio de Santa Catalina 

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